Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

Les Rencontres de la photographie d’Arles comptabilisent 20 000 visiteurs pour la semaine professionnelle

Plus de 20 000 personnes se sont pressées aux Rencontres d’Arles du 1er au 7 juillet, soit la plus forte fréquentation de la semaine professionnelle de toute l’histoire du grand festival consacré à la photographie. Sur le nombre, 50 % des visiteurs étaient des étrangers, confirmant le succès de la manifestation auprès de responsables d’institutions ou d’agences internationales.
Cette semaine professionnelle a aussi été exceptionnelle par sa temporalité, coincée entre les deux tours des législatives, dans une région où le Rassemblement national (RN) fait des scores très élevés. Le dimanche 7 juillet, le candidat du RN a été réélu avec 56 % des voix (même si la ville d’Arles a placé le candidat du Front populaire en tête). Un fossé a semblé séparer deux mondes, les photographes prônant, dans une grande majorité, avec leurs images, un idéal d’ouverture à l’autre – comme le prouve l’une des expositions les plus réussies du festival, « Voyage au centre », de Cristina de Middel, peignant les migrants traversant le Mexique pour rejoindre les Etats-Unis comme les héros d’une odyssée pleine de dangers. Sans faire de déclaration tranchée contre le RN, contrairement au Festival d’Avignon, la direction du festival d’Arles a discrètement souligné, sur scène, mardi 2 juillet, son inquiétude face aux valeurs défendues par la manifestation – humanisme, multiculturalisme, féminisme…
Si l’on n’a pas plus observé, à travers la ville, de photographes organisant des événements ou des prises de position sur la situation en cours, cela n’a pas empêché la politique de s’inviter de façon conflictuelle dans le festival : le soir du premier tour, des habitants ont pris à partie les membres du collectif Hors Format, qui exposait ses travaux sur la place Voltaire, déchirant une affiche qui représentait un jeune homme aux traits asiatiques.
La quarantaine d’expositions offertes au public a présenté de belles propositions – les travaux entre fiction et documentaire de Cristina de Middel, la vaste collection Astrid Ullens de Schooten à la Fondation Luma, les photographies conceptuelles de l’Américaine Debi Cornwall au Monoprix, ou le projet touchant de Sophie Calle dans les souterrains des cryptoportiques. Mais le festival a surtout affiché cette année son éclectisme, sans ligne directrice forte ou proposition esthétique très audacieuse.
La thématique japonaise a abouti à un patchwork de propositions variées et essentiellement féminines – des travaux documentaires sur la catastrophe de Fukushima avec « Répliques », et deux expositions collectives éclairantes de femmes photographes au palais de l’Archevêché ou à Vague, l’espace arlésien du designer Teruhiro Yanagihara. Le travail de la doyenne Miyako Ishiuchi, récompensée par le prix Women In Motion-Kering et exposée dans la salle Henri-Comte, aurait sans doute mérité un espace plus spacieux pour laisser respirer son travail lié à la mémoire.
Il vous reste 38.89% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

en_USEnglish